Pénurie d’ânes à Menton
Pénurie d’ânes à Menton est une histoire qui raconte comment la fête de Saint-Agnès a perturbé les loueurs de cette villégiature.
» Jamais ministre de la guerre ne fit réquisition de chevaux et de mulets pour les services de l’armée pareille à la réquisition de bourriques qu’ont faite pendant les huit derniers jours les loueuses d’ânes de Menton.
Ce n’est pas vingt, ce n’est pas trente, ce n’est pas soixante, ni cent, ni cent cinquante, c’est deux cents au moins de ces bons quadrupèdes qu’il a fallu trouver.
C’était, lundi dernier, la fête du village de Sainte- Agnès, et tout ce qu’il y a de valide dans la colonie anglaise a voulu grimper sur le plateau où sont les ruines.
Deux cents ânes !
C’est tout un régiment de cavalerie, et il n’y a certainement pas à Menton deux cents bourriques valides capables de fournir pareille traite.
Les roussins ont pourtant été livrés.
Les loueuses aux abois avaient télégraphié dans toutes les directions.
Ce fut pendant quelques jours un échange de dépêches et de correspondances burlesques.
Les possesseurs d’ânes de Roquebrune, surpris de tant de demandes, répondaient aux réquisitionneuses de Menton : « Votre demande nous étonne : nous pensions que Menton était suffisamment pourvu, d’ânes » (les malins !).
Lundi matin a eu lieu le départ de la Cavalcade pour Sainte-Agnès.
C’était une fourmilière de haquenées à longues oreilles.
Les deux cents touristes s’étaient divisés par escouades. Il en partait de toutes les directions. Plusieurs hôtels ont été déserts toute la journée.
Un temps indescriptiblement beau a favorisé cette excursion. Jamais Sainte-Agnès n’avait vu pareille affluence de visiteurs sur son rocher. »
Pénurie d’ânes à Menton est un texte découvert dans le journal « Paris-touriste » du 3 février 1884.