Le baron Haussmann à Nice est une histoire qui rappelle que cette personnalité avait une villa sur les hauteurs de la ville.
« Après son brusque renvoi de janvier 1870 par Napoléon III, le baron Haussmann avait, durant quatre mois, vécu hors de la capitale.
Ce n’est point à Cestas qu’il s’était retiré, dans la propriété du pays bordelais que Mme Haussmann avait héritée de ses parents.
Ulcéré, il avait senti la nécessité d’un autre décor.
Sa colère, il était allé la confronter, dans sa villa Mont Boron près de Nice, avec les paysages ardents, le choc de la montagne et de la mer, l’élégance hautaine de la villa qu’en 1867, au temps de sa fortune, qu’il avait accrochée à un flanc de coteau, sur le rivage méditerranéen.
Sur ses indications d’éternel créateur, son architecte avait transformé là un ancien moulin à huile.
C’était une simple maison de deux étages, rehaussée d’une tour. Mais elle représentait une victoire que le célèbre préfet affectionnait.
Les terrasses avaient été conquises par la mine sur 25.000 mètres carrés de rocher.
Dans un horizon gris d’oliviers, l’éclat soudain des roses, des œillets, des narcisses, des mimosas, disposés par le jardinier Jean-Charles Adolphe Alphand, dès l’acquisition du terrain, comme un hommage de Paris.
Des lataniers balançant leurs éventails. Une allée d’orangers à grands frais transplantés de Monaco, et cette allée conduisant au domaine voisin, c’est-à-dire chez son ami le banquier Jules Frémy.
Du sommet, un admirable panorama ; à droite, le port de Nice, la colline du vieux château coupant de son dos sombre la ville étendue, puis, par la brume peu à peu estompée, la baie des Anges, le golfe Jouan, les îles Lérins ; à gauche, des rades aussi, des presqu’îles dont les formes harmonieuses se déroulaient de Villefranche à la rivière de Gênes ; et, en deçà, l’arc des collines, unissant les deux extrémités de la grève.
Il s’était réfugié dans sa villa Mont Boron, le seul cadre qui fût digne de son orgueil et du rang auquel l’avait voué sa carrière.
Pendant des semaines, il s’était replié sur lui-même en ce nid d’aigle. »
Le baron Haussmann à Nice est un texte extrait du livre « Le baron Haussmann » de Georges Laronze, paru en 1932.